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Transformation vers les modèles durables
16.10.2023
Perturbation continuum temporel
7 minutes
Temps d'un café
Une jeune pousse, une idée pour un futur habitable — Releaf Paper
Une jeune pousse, une idée pour un futur habitable — Releaf Paper
Dorothée Duparc

3 QUESTIONS à Anne Blachier, représentante de Releaf Paper en France

Pour un papier écologique à base de feuilles mortes.

Comment fabriquer du papier et des emballages 100 % recyclables à partir de déchets organiques sans nuire à l’environnement ? Releaf Paper, start-up ukrainienne implantée en France, répond positivement à cette question.

À quelle problématique répondez-vous ?

L’idée d’utiliser des feuilles mortes– et non de la cellulose de bois – pour fabriquer du papier a germé dans la tête d’un jeune Ukrainien, Valentyn Frechka (21 ans). Ce passionné de biochimie est alors âgé de 16 ans. En 2018, les tests qu’il réalise dans son université àKiev lui confirment la viabilité de son hypothèse. En 2021, avec Alexander Sobolenko, il fonde Releaf Paper. À la suite du déclenchement de la guerre en Ukraine, décision est prise d’implanter leur site de production dans l’Hexagone. Valentyn a suivi une partie de ses études en France, avant de poursuivre ses recherches dans un laboratoire* à Grenoble…

Quelle solution proposez-vous ?

C’est la première solution au monde qui permette de produire du papier et des emballages à base de feuilles mortes.Une alternative à la cellulose extraite du bois pour fabriquer du papier durable. Pour, tout à la fois, réduire les déchets – les feuilles mortes,« leaf » en anglais – et lutter contre la déforestation.

Le procédé est simple : les feuilles sont récupérées en ville – jamais en forêt, pour préserver la biodiversité –, triées et broyées pour en extraire les fibres par un procédé thermo mécanique. Faute de pouvoir toujours être compostées, ces feuilles mortes seraient sinon incinérées. Nous pouvons aussi réemployer des déchets agricoles, résidus issus de l’agriculture de différents végétaux : colza, houblon, canne à sucre…

Sur notre futur site, à côté de Poissy, dans les Yvelines, nous fonctionnerons en économie circulaire. Ce fut compliqué de trouver le bon lieu : pour fabriquer une tonne de papier, il faut pouvoir en recycler 2,3 tonnes. Notre implantation s’inscrit dans une logique de re-dynamisation d’un territoire situé à proximité d’une station d’épuration.

À nos clients – L’Oréal, Samsung, Google… –, nous proposons trois types de produits : du papier d’emballage (sacs, enveloppes e-commerce), des emballages en carton (boîtes en carton ondulé, à œufs...) et des sacs pour faire ses courses dans tous types de commerces.

Résumez-nous votre engagement personnel ?

J’ai envie de reprendre la phrase d’introduction du compte LinkedIn de VelntynFrechka :
« La science, l’innovation et le développement durable me passionnent depuis toujours. Un beau matin, je me suis rendu compte que j’avais suffisamment d’idées, de potentiel et de ressources pour transformer toute une filière industrielle. Voilà pourquoi je suis devenu un chercheur et un entrepreneur. ».

La valeur ajoutée de la solution Releaf Paper

Le papier à base de feuilles mortes de Releaf Paper se dégrade dans le sol en 55 jours, contre270 jours pour un papier à base de fibre de bois. La Commission européenne a accordé une subvention de 2,5 millions d’euros au projet. Ces fonds seront utilisés pour construire une usine près de Poissy (78). À chaque étape de son implantation en France, la jeune pousse a été accompagnée. Par Choose Paris Région ; Business France ; Ancoris – Le partenaire des territoires… LVMH soutient aussi Releaf Paper, qui vient d’intégrer la 9e promotion des lauréats de la Maison des Startups, prestigieux programme d’accélération.

 « Pour fabriquer une tonne de papier, il faut recycler 2,3 tonnes de feuilles mortes »

*Laboratoire des procédés pour la bioraffinerie, les matériaux biosourcés et l’impression fonctionnelle (LGP2)

 

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